VOYAGES et BALADES

I. Sibérie profonde

Le lendemain, le réveil se fait en approchant de Krasnoïarsk, 6h à peine après s'être couché et il semblerait que ce soit déjà l'heure de l'apéro. Dociles et conscientieux, Oliv et moi nous nous dévouons avec zèle. Juste après le déjeuner, c'est l'arrivée dans la gare de Krasnoïarsk. Rénovée, massive, imposante, lumineuse, elle surprend. Qui imaginerait un tel bâtiment en plein milieu de la Sibérie? Elle illustre le haut de la page depuis le début. Cependant même si la gare et sa place sont terminées, certains quais sont encore en pleine rénovation. Sur le quai, des dizaines de vendeurs proposent les maintenant traditionnels poissons fumés (ressemblant à des truites) mais également et c'est une première, des saucisses ou encore des oeufs. De l'autre côté de la gare, quelques personnes dansent au son d'un vieil accordéon. Terre de contrastes comme déjà dit entre l'insouciance des danseurs et le séieux des vendeurs, entre la gare rénovée et les quais en travaux, entre la dureté de la vie en Sibérie et le paysage extraordinaire qui apparaît à l'horizon.

Dans la nuit, nous avons changé de milieu naturel. Alors que depuis quelques heures, nous étions dans de grandes plaines, des collines plus massives, prémices des hautes chaînes de montagne du Sud sont maintenant en vue. Désormais jusqu'à Irkoutsk, la ligne ferroviaire serpentera dans les vallées et franchira de petits cols.

photo de loïc

photo de dany

Juste à la sortie de Krasnoïarsk, après une énième friche industrielle, la voie traverse l'Iniesseï sur plus d'un kilomètre! C'est à partir de ce moment que le temps s'est mis à changer; les nuages s'amoncellaient sur les contreforts montagneux et peu de temps après, la pluie a commencé. Elle ne nous quittera quasiment pas jusqu'au Baïkal. Quelques heures plus tard, nous bénéficions d'une éclaircie lors de notre arrivée à Ilanski. Etonnament, l'ouverture des portes se fait côté voie ferrée et non côté quai. Au loin j'aperçois une locomotive exposée très jolie; ne pouvant pas emprunter la passerelle et voyant une "locale" le faire, je me faufile sous le wagon avec une certaine appréhension - le train peut à tout instant pour une raison quelconque avancer de quelques mètres - et file rapidement prendre la photo de la loco située à côté d'un bâtiment à briques rouges. Je ne le savais pas à ce moment-là mais l'aventure aurait pu fortement se compliquer et est-ce-que j'aurais agi pareil si j'avais lu le témoignage du guide de Lonely Planet avant l'arrivée en gare, que je retranscris ici? J'en doute! Le ciel est très noir vers l'Est et le sol encore bien trempée et c'est la première fois que l'on voit aussi peu de vendeurs. C'est plutôt dommage, on n'avait plus de fruits frais pour accompagner, lors des réunions de groupe. Alex, bien inspirée, trouve le moyen d'acheter quelques cornichons russes; l'intuition féminine sans doute car la soirée allait être dantesque! Chance extraordinaire, l'arrivée à Taïchet, au coucher du soleil, se fait sous une nouvelle éclaircie. La couleur est tellement splendide qu'on espère que le train va stopper avant que le soleil disparaisse sous l'horizon. En catastrophe, je prends une photo dans les secondes qui suivent la descente du train; le temps de grimper à la passerelle (et pourtant elle n'était pas loin) et le soleil est malheureusement couché. Le moment magique où tout est illuminé d'une couleur orange-dorée et que tout est sublimé n'aura duré que quelques secondes comme à chaque fois. Les photographes amateurs, comme moi, comprendront ce que je veux dire. Dernier arrêt important pour nous avant la fin du transsibérien et le début du transmongolien à Irkoutsk Ca va se fêter!

La gare de Taïchet: Dernier arrêt important avant Irkoutsk
photo d'olivier
photo d'olivier

II. Sasha, Natacha, Dominique et les autres

Qui sont-ils? Vu que je n'ai pas encore parlé d'eux, il faut que je vous fasse une petite présentation. Au départ de Iékatérinbourg, Daniel et Chantal se sont retrouvés dans un compartiment avec 2 russes. Difficile de communiquer, heureusement Alex était à côté pour aider. Après maints quiproquos, il s'avère que Sasha et Natacha ne sont pas mariés alors qu'ils se retrouvent dans la même cabine. La Russie n'a apparemment pas encore de problèmes à ce niveau là contrairement aux pays européens! Sasha est ingénieur en aéronautique et Natacha vétérinaire (si on a bien compris [;o)). Un peu sur la retenue devant cette équipe de braillards au début, les 2 vont s'ouvrir au fur et à mesure que les kilomètres défileront (et que les bouteilles se videront: c'est le principe des vases communiquants). Ils participeront avec plaisir aux différents pots au cours de ces 2 jours, Natacha apportant quelques légumes frais (poivrons tomates et concombres) pour accompagner les vodkas. Le dictionnaire passe de main en main afin de communiquer facilement sans forcément la présence d'Alex qui a besoin de se reposer un peu elle aussi vu qu'elle était à nos petits soins depuis le départ de Paris.

photo d'olivierArrive le fameux soir juste après Taïchet. Rendez-vous est pris juste après le repas du soir de 23 h (18 h, heure de Moscou, vous suivez toujours?) Alex est un peu inquiète car il y a eu quelques retours de la soirée précédente. L'ambiance est joyeuse et festive et commence par quelques chansons bon enfant. Après quelques vocalises formidables de Michel, on demande à Alex, Sasha et Natacha de nous chanter quelques chants traditionnels russes; ca change de la rirette! [:op 2-3 heures après, Natacha a déclaré forfait, épuisée mais Sasha est fidèle au poste et n'est pas le dernier pour mettre de l'ambiance et avaler le doux breuvage servi dans les verres. Entre temps, les membres du groupe se sont entassés dans le compartiment et de 6 au départ, on est passé à 8 puis 10, 15 et on finira à un maximum de 21! Le compartiment est fait pour 4 personnes au départ! Le risque d'effondrement d'une banquette n'était pas nul mais c'est russe, c'est costaud et on avait pris le soin de mettre les plus légers en haut (mais alors pourquoi j'étais en haut?) Arrivé à 21, le pot déborde allègrement dans le couloir. Une jeune fille russe intriguée, dérangée(?) vient se mêler à l'ambiance; la provodnista également est morte de rire mais restera sobre vu qu'il s'agissait de ses horaires de travail. La rigueur russe. Dominique, jeune française faisant partie d'une association d'échange franco-russe et émigrée en Russie depuis 8 ans a entendu, depuis l'autre bout du wagon, parler en français et vient partager un bout de saucisson avec nous. Elle ramène avec elle 2 autres russes. Presque le wagon entier est en train de chanter, danser, s'amuser. Par respect pour ceux qui étaient présents, il n'y aura pas de zoom sur les photos suivantes! [;o)) Mais je pense que les bouts de photos suffisent à elles-mêmes. La soirée se terminera par une dernière chanson que les amateurs de grosses soirées arrosées doivent connaître racontant l'histoire d'un anglais se baladant le long de la Tamise. Tout le monde y passera! Enfin, repus et heureux de cette bonne soirée, chacun retourne se coucher pour être en forme car demain la perle de Sibérie, le Baïkal nous attend!

La provodnista vient voir la bonne ambiance
Roger mort de rire cherche son verre
Alex, hilare, a failli s'étouffer avec un cornichon
Daniel nous fait un déhanché inoubliable
Dany suit le rythme (es)soufflé par Michel
Super-papy nous montre qu'il reste très souple!

 


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