VOYAGES et BALADES

I. 2h30 du matin: petit déjeuner

A l'hôtel, au moment du dîner, on nous donne un petit panier repas pour le petit déjeuner le lendemain matin; comme nous partons tôt, le service n'allait pas être ouvert. Avant de partir, avec Oliv et "quelques" autres, nous passons au magasin, au pied de l'hôtel, pour faire quelques emplettes; 2 jours de train, ca va donner soif! Olivier a un avantage: il a un sac vide qu'il faut remplir. A la fermeture du magasin, à minuit, les derniers choix sont difficiles entre Putinka et Cristall. 2 de chaque et le dilemme est résolu! Vu qu'il faut être prêt à 3 h du matin, heure de Iékatérinbourg, dans le hall de l'hôtel, on préfère se mettre en condition en attaquant une bouteille et le petit déjeuner avec MTV Russia. Un petit mot sur les clips de MTV Russia. En Europe, on a droit à des clips plus sexuels que sexy, dégradants pour les femmes très souvent. En Russie, Même si les clips sont très sexy également (on n'a pas vu un seul clip sans jeunes et jolies femmes) cela reste très soft et ont plutôt tendance à mettre en valeur la femme. C'est une réflexion prise sur place en toute objectivité à 2h du matin avec quelques grammes d'alcool dans le sang. Tout cela pour dire qu'il faut prendre cette pensée avec des pincettes quand même. [;o))

photo d'olivier2h45: Alex frappe à la porte et elle est très étonnée de voir qu'on est chaud bouillant comme la braise. Premiers descendus, on vérifie que le magasin est bien fermé (on sait jamais pour remplacer la bouteille vidée en attendant l'heure) et on voit apparaître au fur et à mesure dans le hall, 1 puis 2 puis 3 zombies; le réveil semble difficile pour certains. Direction la gare, ça roupille ferme dans le bus. Arrivés à la gare, un immense lustre éclaire le hall et le panneau d'affichage (le deuxième à côté ne fonctionne plus). Le trafic voyageur contrairement en France, ne s'arrête jamais en Russie. Iékatérinbourg ou "Sverdlovsk" est un noeud ferroviaire entre Moscou, la Sibérie et les nouveaux pays d'Asie Centrale, principalement le Kazakhstan (on est à environ 300 km de la frontière). Malgré l'heure tardive, la gare grouille de monde. Cliquez sur la photo et vous verrez les horaires. N'oubliez pas que le train fonctionne uniquement à l'heure de Moscou et qu'il faut donc rajouter 2h par rapport aux horaires indiquées. Notre train est bien annoncé à 1h59. A peine installés, il est temps de...dormir (vous avez pensé à autre chose?). Vu les 2 dernières nuits, il était temps de récupérer un peu. Malgré les traits tirés, une petite photo dans le compartiment pour la forme et pour montrer qu'on n'a pas pris que de la vodka pendant tout le voyage (cherchez bien il y en a quand même un peu dans le sac) et on tombe comme des masses dans le lit.

Le réveil sera quelque peu tardif puisqu'on émergera pour le déjeuner; ca sera l'unique fois où on ratera l'apéro de tout le voyage. "Boire ou dormir, il faut choisir". Dehors, on commence à comprendre pourquoi la Sibérie était un enfer pour tous les déportés du goulag. La ligne traverse sur plusieurs dizaines de kilomètres des immensités marécageuses; ceux qui souhaitaient s'enfuir mourraient soit noyés, soit d'épuisement et en hiver il faut imaginer les températures glaciales. Alors que le premier train était à dominante rouge, celui-ci fait honneur au Baïkal avec une décoration bleue. Même les provodnista ont un uniforme bleu.

Le wagon-restaurant (en regardant bien, vous pouvez apercevoir les cruches à eau mythiques de ce voyage)

Le nom du train (tout aussi mythique)
le couloir (tôt le matin)
photo d'olivier

photo de loïc

II. 2h30 du matin: arrêt en Taïga

Après le déjeuner, crudités, soupe, viande bouillie et gâteaux secs comme d'habitude, chacun va se reposer par un peu de lecture ou une sieste: le réveil en pleine nuit a laissé quelques traces dans les organismes. Mais tout le monde se retrouve en fin d'après-midi ou en début de soirée; dans la journée, comme nous avons filé plein Est, nous avons traversé deux fuseaux horaires et il y a maintenant 4 heures de décalage avec Moscou (soit 6 heures ave Paris)! Difficile de s'y retrouver. On croit être en milieu d'après-midi alors que les couleurs annoncent déjà le soir avec le soleil rasant qui fait apparaître des reflets dorés absolument extraordinaires! L'arrivée sur Barabinsk se fait au soleil couchant. Roger et Annie négocieront aprement les premiers gros poissons fumés que l'on voit apparaitre sur le bord des quais. Nous sommes dans la Sibérie des grands fleuves qui prennent leur source dans les massifs montagneux au Sud tel que l'Altaï et qui débouchent en mer arctique. Il faut essayer d'imaginer que le Rhône à côté ressemble plus à une rivière qu'à un fleuve.

photo de loïc

photo de loïcphoto de loïcLa nuit tombée et après avoir quitté Barabinsk , une nouvelle réunion dans un des compartiments a lieu. Certains collègues, qui hésitaient un peu à venir auparavant, commencent à se lacher et à entrer dans le cercle des "apéros et digeo vodkaïens". Les compartiments commencent à se faire un peu petit et la réunion déborde légèrement dans le couloir. La provodnista a toutes les peines du monde à nous contrôler mais ne voulant pas faire les bidochons de base, on se calmera vers minuit (heure de...?). Peu après, nous nous arrêtons quelques minutes à Novossibirsk dont la gare à elle seule est un monument. Dommage que ce soir la nuit noire, nous aurions pu mieux apprécier cette gare. Selon le guide, la ville vaut la peine de s'arrêter: nous ne verrons que les quais de nuit décorés par des sculptures en marbre et des anciennes locomotives du début du siècle dernier.

Le train est en retard et il file rapidement en direction de Taïga. Secoué comme un sac de pruneaux, je ne peux pas dormir. Je pars me balader dans le train et du premier au dernier wagon, je ne croise que deux tondus au restaurant : tout le monde dort! Moins de 3 h après notre départ de Novossibirsk (théoriquement il faut plus de 3h30!), nous arrivons dans une Taïga brumeuse et fantasmagorique. Il fait frais car Taïga se situe en altitude; un autre train attend patiemment dans la gare. Pas un bruit dehors sinon le ronflement atténué des moteurs des locomotives. Je croise la provodnista et je tente à l'aide du petit dictionnaire d'entamer une conversation. photo d'olivierMême si ou parce qu'on n'y arrive pas, une certaine complicité se crée. Un "bonne nuit" en russe repris 3-4 fois (Alex m'avait dit comment le dire mais la prononciation, c'était pas trop celà) clôt la conversation. Ne me demandez pas de le réécrire, j'en serai malheureusement bien incapable aujourd'hui! Olivier qui ne trouvait pas le sommeil en profite pour prendre tout comme moi 2-3 photos. La problématique de la nuit étant que ce qui était sympa à photographier se trouvait à gauche du train, que l'on ne pouvait pas descendre vu que le train pouvait repartir à n'importe quel moment à cause du retard qu'il n'avait pas entièrement rattrapé et que les fenêtres sont sales et ne s'ouvrent pas. La solution? Les toilettes! C'est en effet dans les toilettes que se trouvent les seules fenêtres qui s'ouvrent partiellement en biais et sur une hauteur de 10-15 cm. On essaye tant bien que mal de faire passer l'appareil photo et de prendre quelque chose de correct; l'effet est assez saisissant, surprenant et plutôt réussi.


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