VOYAGES et BALADES

I. J'entends siffler le train

Le lendemain matin, après le petit déjeuner, les habitudes se mettent en place; un peu de lecture, on apprend aussi à mieux se connaître entre nous. Petite anecdote à ce propos, certains, au départ, pensaient qu'on était un couple avec Olivier. Les apparences peuvent être trompeuses! le paysage toujours aussi magnifique défile, interrompus parfois par des arrêts courts qui se succèdent plus ou moins régulièrement. Nous traversons des régions qui évoquent l'Histoire; il ne faut pas oublier que nous sommes sur les traces de Michel Strogoff. Dans la nuit, par exemple, nous avons enjambé la célèbre Volga et traversé le pays des Tatars, descendants de Genghis Khan. Le transsibérien doit revenir à la mode pour les touristes car la plupart des gares sont ou ont été en rénovation. Certaines, de part leur forme, montrent les influences culturelles dans la plaine russe qui fut par le passé régulièrement envahie. Le soleil nous accompagne pour l'instant et donne de somptueuses couleurs à ces bâtiments massifs. Peu avant le déjeuner, après avoir traversé la rivière Kama, le paysage commence tout doucement à évoluer; les premières collines depuis Moscou apparaissent. Serait-ce déja les contreforts lointains de l'Oural alors que nous sommes encore à près de 600 km de Iékatérinbourg?

La voie ferrée continue doucement à s'élever et l'arrivée à Krasnoufimsk sur une sorte de plateau nous permet de digérer et de nous dégourdir quelque peu. Un mot sur les repas servis dans le train: avant le départ, j'avais une certaine appréhension. Quand on connait la qualité servie dans les trains français, il est normal de s'inquiéter. Bien entendu, les distances ne sont pas les mêmes et on pouvait espérer une certaine qualité bien que les livres lus avant le départ ne soient pas plus rassurant que cela. Et bien la quantité et la qualité était au rendez-vous! Au traditionnel sandwich jambon-beurre français il était opposé un bol de crudités (principalement concombre-tomates) suivi d'un potage qui activait les papilles et enfin en plat principal, pommes de terres et viande de mouton (ou agneau je pense), bouillies. En dessert, petits gateaux sucrés et une ou deux fois un yoghourt à la place des gâteaux. Bref largement suffisant pour se remplir la panse!

A Kranousfimsk, nous sommes témoins d'une scène qui ne se voit plus en France. Le contrôleur ou le chef de gare frappe au niveau des roues du train avec une barre métallique afin de vérifier que les pièces de frein n'ont pas de défauts qui seraient apparus durant le trajet. Cette vérification se fait donc au son, à la vibration; heureusement pour nous, il n'y a aucun problème. Que se serait il passé si on avait du changer un wagon alors que les grandes villes les plus proches où pourraient se trouver la ou les pièces de rechange se trouve à quelques centaines de kilomètres? On se rendra compte par la suite que ces contrôles se font régulièrement lors des longs arrêts en entendant le "cling-cling" régulier. Moins de deux heures plus tard, nouvel arrêt: Il fallait changer la locomotive. Etait-ce prévu ou non, cela restera un mystère même si personnellement j'ai trouvé bizarre qu'il faille changer la loco une heure avant d'arriver à Iékatérinbourg et que, d'après ce dont je me souviens, la locomotive remplaçante venait justement de la capitale de l'Oural. Nous étions dans une grande gare de triage vu le nombre de voies où trainaient des milliers de wagons et principalement des wagons citernes. Même si il n'y a pas de quai, il y a toujours quelques vendeuses et il est possible d'acheter quelque chose mais les produits sont beaucoup plus industriels et moins sympathiques. Le temps est nettement plus humide et une légère brume donne par moments des couleurs féériques à l'endroit alors qu'il est loin d'être idyllique. J'ai ressenti une atmosphère différente à cet arrêt et en effet, un drame se préparait mais nous ne le savions pas encore...

photo d'olivier
photo de loïc
vue depuis la passerelle devant...
derrière...
Sylvie et Chantal en charmante compagnie
les wagons apparemment à l'abandon
 
 
La gare de triage

II. Tramway City

Dire que le retard du train d'une heure est un drame, vous trouvez que c'est exagéré? Vous avez raison. Mais avec ce retard, il est plus difficile de retrouver notre guide locale, Anastacia, grande, fine, blonde, en un mot typiquement russe. Sitôt trouvée, elle nous commente la visite de la gare qui ressemble beaucoup à un bâtiment de Disneyland Paris!
Seules les sculptures devant la gare rappelle le passé minier de la région. Staline en prévision de la guerre avait délocalisé toutes ses industries dans la région; sachant qu'on est à près de 2000 km de Moscou, il était difficile pour l'armée allemande de venir bombarder les infrastructures vu l'autonomie des bombardiers de l'époque.
On commence déjà à voir l'influence asiatique si on fait attention; de nombreuses voitures japonaises ou chinoises sont présentes au milieu des vieilles Traban. Notre bus chinois , excepté les suspensions quelque peu anciennes, n'a rien à envier aux bus occidentaux et il faut leur reconnaitre un certain sens de la décoration!

photo d'olivierphoto d'olivierIl fait nettement plus frais et l'arrivée à l'hôtel est grandement appréciée. D'autant plus qu'au pied de l'hôtel, ô joie, ô bonheur, se trouve un magasin de souvenirs liquides! [:o)) Extrêmement utile et idéalement placé. Au moment de l'attribution des chambres, je ne sais pas si olivier et moi avons eu droit à un traitement de faveur mais nous nous retrouvons dans une chambre grand luxe, entièrement rénovée avec vue plongeante sur le rond point mais avec double vitrage. Alors que certains se retrouvent au 5 ème étage, dans une chambre bien plus sinistre que la notre. Quel est l'intérêt d'avoir la vue sur un rond point? d'observer une caractéristique de cette ville: le tramway! De nombreuses lignes traversent en long, en large et en travers la ville avec priorité au tram (priorité au plus gros) et aux heures de pointes, cela peut s'avérer très utile!

III. Et là, c'est le drame...

On y arrive! Que s'est il passé pour que cela est pu à ce point me marquer? Ceux qui m'auront bien lu le savent déjà: Vers 23h, on cherche à sauvegarder la centaine de nouvelles photos prises dans l'après midi et là: shocking! Impossible de remettre la main sur le disque dur multimédia d'Olivier. Après le triple vidage de sac en règle, Olivier va chercher Alex et les voilà partis à la gare en taxi, à chercher le train et le wagon qui était resté en gare. Après maintes péripéties, les revoilà sans l'appareil mais plutôt content de la petite aventure alors que pendant ce temps là je faisais un ravitaillement nécessaire à la boutique du bas. Après son sac perdu à Moscou, Olivier n'avait pas beaucoup de chance: je me demandais même si il n'était pas un cousin lointain du célèbre François Pignon.

En cherchant, on s'était aperçu qu'il manquait également le jeu d'échecs. En soit ce n'est pas grave même si on avait perdu toutes les photos de la première partie du voyage (environ un petit millier). Par conséquent il a fallu choisir un peu plus les prises de vue par la suite. Pour se remettre de nos émotions, nous avons demandé un petit cours de russe à Alex et, avec en fond sonore MTV Russia, plus l'heure avançait, plus le niveau de la bouteille descendait et plus notre niveau de russe progressait: le fameux principe des vases communicants! Le cours s'est terminé lorsque le jour commençait à poindre le bout de son nez; Alex, plus raisonnable que nous, après que l'on est terminé la 3 ème bouteille et petits gateaux pour accompagner (souvenez vous de la leçon de vodka) estimait qu'il était temps d'aller dormir. Nous, nous étions chaud bouillant pour continuer le cours vu notre progression éclair de la nuit mais la journée suivante allait être difficile...

 
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