VOYAGES et BALADES

I. Far-East, nous voici!

On attendait avec anxiété son arrivée car on ne savait pas trop à quoi s'attendre: un train plutôt luxueux pour nous touristes occidentaux ou un luxe "à la soviétique"? Lorsqu'il arriva à quai, ce fut une très bonne impression et avant que l'on puisse monter, il fallait récupérer les billets et éviter de se tromper de wagons. Notre "Provodnista" descendit du train et en bidochon de base, nous avons commencé à lui faire faire des pauses devant le wagon et la mitrailler de photos. Qu'est ce qu'une « Provodnista », vous allez me demander? Il s'agit de l'hôtesse de train et elle s'occupe de la propreté du wagon et du confort des voyageurs. Il y en a une pour chaque wagon et c'est pour elle une question de fierté de bien entretenir leur wagon. A chaque arrêt, elle se poste juste à l'entrée du wagon et surveille que les voyageurs remontent bien dans le train au moment du départ. Pendant le trajet, on apprendra qu'elle s'appelle Galina ( Галина). Galina, très souriante, se prête volontiers au jeu des photos. Puis c'est enfin l'installation dans les compartiments.

Ne sachant pas trop à quoi s'attendre, avec Olivier, on avait décidé de prendre le grand luxe, première classe; en fait, au lieu d'être à 4 dans le compartiment, nous ne serions que 2. Cela nous a permis de prendre nos aises et surtout, après le départ, d'inviter tout le monde à venir chez nous, prendre le pot de départ. Et ce qui est formidable, sur la petite table centrale, étaient posés un petit bouquet et surtout des petites tasses pour le thé ou la vodka; jamais on aurait eu cela en France. C'est inconcevable. Super-Papi nous sort son premier saucisson pour accompagner la Puntinka. A l'entrée de chaque wagon, se trouve le samovar qui permet d'avoir de l'eau chaude et même brûlante, idéale pour le thé. Sitôt parti, Galina passe l'aspirateur dans le couloir vu qu'on a apporté un peu de poussières du quai. Le paysage commence à défiler; se succède bois de bouleaux, grandes prairies et petits villages avec les maisons en bois (les datchas) alignées de façon parfaite. Les villages russes sont tous construits de manière identique: un chemin, à coté, une rangée de maisons puis une parcelle de terre aménagée en jardin potager très bien entretenu et à nouveau un chemin et ainsi de suite.

II. Beignets, chouchous, boissons fraiches!!

Qu'est ce que viennent faire les vendeurs à la sauvette des plages en plein milieu de la Russie? La même chose que sur les plages à chaque arrêt du transsibérien: ils vendent. La comparaison s'arrête là car d'une part, il y a absolument tous les ages, de 7 à 77 ans, d'autre part, ils vendent de tout et quand je dis tout, ca ne résume pas qu'à de la nourriture. Certes, il y a énormément de fruits de la forêt de là-bas, à savoir, les classiques myrtilles, framboises, fraises mais plus étonnament, des groseilles (rouges, blanches ou à maquereau), mais aussi des légumes venant de leur jardin ainsi que les produits industriels tels que les fraises tagada d'une célèbre enseigne. Ca surprend un peu de voir l'emballage en russe.

Après 2-3 h de trajet, nous arrivons à Vekovka ; c'est le premier arrêt important (environ 30 minutes) et sur le quai, c'est la folie. En plus des ventes classiques de fruits et autres sucreries, il y a possibilité d'acheter des verres, des vases ou encore des lustres! Faut dire que c'est facile de transporter un lustre en verre dans un train pendant 15 jours! La ville peut être considérée comme le "baccarat" russe avec un peu d'imagination. Peu après avoir quitté la ville du verre, il est temps de passer à l'apéro pour se mettre en appétit; le pot de départ de Moscou était déja bien lointain puisque pris en début d'après midi, heure de Paris.

 

L'apéritif à peine terminée, Alex vient nous chercher pour aller manger au wagon restaurant facilement reconnaissable puisqu'il est écrit en gros sur le wagon " РЕСТОРАН" (prononcer "RESTORANE"). Car la particularité du transsibérien, c'est qu'on est hors du temps ou plus exactement où que l'on soit en Russie, on fonctionne toujours à l'heure de Moscou. Il est donc à peine 17h30, heure de Moscou, et le repas est servi.

Et là, Alex avait tout prévu! Pour bien nous mettre dans l'ambiance, discrètement à la gare, elle avait acheté quelques cornichons et une petite bouteille de vodka d'un litre afin de nous enseigner l'art de la dégustation russe. Voici en bref l'art et la manière:

 

1) Choississez une bonne vodka (au hasard une Putinka, par exemple)
2) Inspirer très fort afin de bien dilater les poumons
3)Souffler très fort pour que les poumons soient vides
4)Inspirer l'odeur du cornichon puis souffler légèrement et buvez 5) Soufflez juste après avoir bu et mangez le cornichon

La méthode peut paraître fastidieuse mais pour l'avoir testé et approuvé de nombreuses fois, elle vous garantit aucune gueule de bois le lendemain matin.

NB: Avec l'habitude, vous pouvez le faire plus discrètement et que cela soit quasi invisible en soirée. Par contre, attention de ne pas vous tromper dans les étapes.

On sent une certaine expérience du lever de coude ; remarquez la façon délicate de tenir le cornichon entre pouce et index!
voila ce qui se passe quand on se trompe dans les étapes (admirez la solidarité des compagnons de voyage derrière [:op) j'ai préféré qu'il reste anonyme
J'ai voulu en "toute bonne foi" faire la tradition russe jusqu'au bout en cassant le verre (ca m'a couté 130 roubles! [:op)

 

La journée fut longue et excitante et pour certains, Morphée et le bercement de la voie ferrée les fait se diriger spontanément vers les couchettes. Avec Olive, on se fait une partie d'échecs, puis un peu de lecture. Un peu plus tard, ne trouvant pas encore le sommeil, je pars me balader dans le train. Ca roupille de partout et malgré le "clac-clac" régulier des rails, il se dégage une atmosphère calme et apaisante. Il est environ 2h du matin, heure locale (soit 1h, heure de Moscou) et je croise Galina qui discute avec sa collègue du wagon suivant dans sa cabine personnelle qui est 2 fois plus petite que nos cabines de voyageurs. Je continue ma visite jusqu'au bout du train et excepté 2-3 noctambules russes au wagon restaurant, je ne croise aucun passager. Je revenais vers ma cabine lorsque le train commença à ralentir. Dès son arrêt, Galina ouvre la porte et commence à discuter ferme avec une personne dehors. En fait, elle négociait une cagette entière de prunes et après avoir récupéré la cagette pour quelques dizaines de roubles, elle me propose une prune spontanément. Après un grand sourire de remerciement, un "spasiba" un peu timide et avoir mangé avec délectation, je lui souhaite une bonne nuit "have a good night" qu'elle comprend parfaitement. C'est à mon tour de m'endormir en repensant à cette magnifique journée et en imaginant la suivante...

 


Voyages.et.balades © 2005-2006 Sébastien Barbelin