VOYAGES et BALADES

I. Le marché fumeux ou l'histoire du phoque amical

Au programme de la journée, soleil, chaleur et baignade! Ca vous donne l'eau à la bouche, non? Attendez voir le paragraphe plus bas sur le repas de midi! Vous allez baver d'envie! Le jour se lève et c'est le miracle de Sibérie, les nuages sont encore présents mais il ne s'agit plus qu'une couche élevée; avec le vent qui se lève, le beau temps est proche. La guide étant de retour, on file voir... une église! Plus exactement, l'église Saint-Nicolas photo de Loïcde Listvianka où la messe est célébrée deux fois par jour. Evidemment, on arrive en plein milieu de la messe du matin; je préfère rester dehors car il s'agit d'une petite église et qu'il y a beaucoup de monde sans parler que personnellement, je trouve plus intéressant le paysage extérieur que l'intérieur d'une église. Pour les férus de religions, la particularité de cette église russe orthodoxe - sachant que chaque église dans le monde a sa particularité - est qu'elle possède des fenêtres qui permettent un éclairage naturel.

Après cette mise en bouche, le car nous emmène 2 km plus loin au musée écologique du Baïkal. Le Baïkal est un éco-système où il existe un nombre très important d'espèces endémiques. La collection est assez impressionnante, malheureusement on n'arrivera pas à apprécier complètement les explications de la responsable du musée en partie à cause de la traduction qui fut difficile de part les termes scientifiques employés.

On apprendra cependant l'histoire géologique de la région et qu'entre autre, d'ici quelques millions d'années - une paille - le Baïkal rejoindra l'océan Articque qui se trouve quand même à environ 2500 km vu qu'il s'agit d'une immense faille tectonique. Après les explications de la vie traditionnelle autour du lac, des risques écologiques et du climat si particulier de la région, on passe à la partie ludique du musée: les aquariums. Après les poissons au formol, voici les poissons d'eau douce aux formes bizarres pour certains. Interdiction de prendre des photos car le flash les rendrait aveugles.

Disciplinés, personne ne prendra de photo mais, à la fin, Loïc aura la présence d'esprit de filmer Leïka, le phoque d'eau douce - la seule espèce au monde - qui s'amuse à suivre nos mains glissant le long de la paroi vitrée et à envoyer des bulles d'air. Evidemment, elle serait bien mieux dans son milieu naturel mais il s'agit sans doute d'un mal nécessaire; le musée est en effet dans un bâtiment assez rustique et les touristes passant dans la région peuvent laisser un peu d'argent car la paye n'arrive pas tout le temps et est extrêmement faible. Maintenir une surveillance du lac est quasi une utopie. L'écologie est loin d'être la priorité de Poutine.

photo d'Olivier

Après le musée, direction une petite route qui s'élève dans les collines et qui permet d'atteindre une vue dominante sur le lac.

En fait de route, il s'agit de l'accès à l'hôtel Intourist, hôtel qui était réservé aux étrangers qui avaient eu l'autorisation de venir en Sibérie pendant la guerre froide. Au début du chemin, une barrière peut bloquer l'accès de l'hôtel et on aperçoit l'emplacement des barreaux au niveau des fenêtres de chambres.

Etait-ce très agréable de venir à l'époque? J'ai quelques doutes. En tout cas la vue est splendide avec un soleil qui perce enfin les nuages, le lac montre ses plus beaux atours.

photo de Loïc
photo de Dany

On repart en direction du port juste après où on doit récupérer Alex. Cela nous permet de nous promener au milieu du marché qui propose au choix soit du poisson fumé, soit des souvenirs de toutes sortes.

Ce qui est sympa, c'est qu'on est sur que le poisson est frais; il le fume sur place; les fumées des fumoirs individuels et portatifs s'échappent par intermittence et viennent parfois irriter nos gorges.

Alex de retour, il est temps de penser à se remplir la panse!

II. Le pique-nique de Nicolaï ou Gargantua et les 40 omouls

Direction l'embouchure du lac: le bus s'enfonce dans un petit chemin de terre et au bout de quelques centaines de mètres, on arrive au bord du fleuve et un russe un peu volubile et souriant - une première, un russe souriant de suite! - nous accueille à bouteilles et bras ouverts: on a déjà compris que l'on va bien s'entendre avec lui! Habillé en costume traditionnel, Nicolaï nous a préparé une petite collation comme indiqué dans le programme! Mais avant de commencer, on profite pour se balader dans les environs; la nature est magnifique. De photo de Danyl'autre côté de la rivière, une ligne de chemin de fer longe la rive; juste au-dessus une forêt dense de conifères remonte la pente jusqu'au sommet. De notre côté, la rive n'est pas escarpée et il y a même une petite plage de galets. Selon la légende, mettre la main dans le Baïkal rajeuni de 5 ans, le pied 10 ans, etc... Daniel, malgré une eau bien fraîche, en profite pour piquer une tête, forcément! Loïc est motivé également mais il sera plus prudent. Autour de nous, ça et là, des petits bosquets de boulots et de pins et au loin, quelques maisons en bois; je pourrai rester des heures à admirer ce type de paysage, je n'arriverai pas à m'en lasser. Je trouve quelques champignons mais incapable de dire si ils sont bons ou non.

Après l'apéro, on se dirige vers une table dressée au milieu de ce décor et en s'approchant, ce n'est plus un pique-nique mais un festin de roi! La table de plusieurs mètres est recouverte de victuailles à faire pâlir Bocuse! Au menu et en vrac: tomates, pommes de terres, abricots, raisins, prunes, charcuterie diverse, fromage, pastèque, caviar, crème fraiche, vodka, jus de fruits, gâteaux et j'en passe. Et ce n'est pas fini! A part, ses deux filles commencent à préparer les poissons. Comme sur le marché, ils ont le petit fumoir et les omouls, sorte de truites endémiques pullulant dans les eaux du Baïkal, commencent à se faire fumer; Nicolaï a prévu 2 truites minimum par personne en plus de tout ce qui se trouvait sur la table; Frugal en un mot! [:op Pour digérer le tout, Nicolaï a prévu le petit samovar pour chauffer l'eau du thé qui sera accompagné de gateaux secs succulents.

Même si on ne parle pas un mot de russe, on a l'impression que l'on connait Nicolaï depuis des années et que c'est un vieil ami. Il se lance dans des chants russes qu'il anime avec une petite danse avec un verre de vodka à la main; pas une goutte ne tombera sauf dans son gosier! L'ambiance est extraordinaire et même deux chiots venus de nulle part, s'invitent à la fête. Ils se régalent avec les restes des omouls. Repus et heureux, il est déjà l'heure de repartir car le bateau n'attendra pas.

III. La croisière s'amuse ou la légende du bateau fantôme

photo de danielCar après ce repas pantagruélique, une sortie en bateau sur le Baïkal est prévu; l'inverse était peut-être plus judicieux car imaginer un jour où le lac est agité, je sais pas si le repas serait aussi bien passé. Retour donc au port où le "Valéria", fier bateau de... pêche nous attend. Il existe sur le Baïkal un réseau de bateaux aéroglisseurs faisant la liaison entre Irkoutsk au Sud du lac et Severobaïkalsk, au nord. C'est d'ailleurs le moyen le plus rapide!

Quelques mots rapides sur "l'oeil bleu de la Sibérie": Le lac mesure 636 km de long pour 60 km de large. Il contient environ 1/5ème des réserves d'eau douce du globe. Sa profondeur maximale atteint 1637 m. photo d'OlivierPour comparer, prenez le lac d'Annecy et le Baïkal et imaginez une myrtille et une pastèque l'une à côté de l'autre et vous aurez à peu près les proportions en volume. 80% des espèces de cet écosystème sont endémiques dont le fameux omoul (miam!).

La balade ne durera qu'une heure, juste le temps de s'éloigner de quelques kilomètres du village et admirer le début de la côte sauvage. Même si la température était douce, sur le bateau avec le vent du large, la petite laine n'était pas du luxe. Au retour, un fier navire amarré de l'autre côté du quai nous faisait face; Et forcément dans ma jeunesse, comme tout bon garçon, je rêvais de parcourir les mers du monde à la recherche du trésor des pirates. Et me voici dessus en train de faire la pose, me tenant au bastingage, au cas où il aurait la mauvaise idée de couler pendant que mon imagination m'envoyait dans les îles des Caraïbes à la poursuite du capitaine Sbarrow. Retour brutal à la réalité lorsqu'il faut à nouveau embarquer dans le bus en direction d'Irkoutsk...

 

 

 


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